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J'ai entendu au sujet de l’une des personnalités politiques les plus inspirantes de notre pays, différents commentaires désobligeants, du moins, j'espère qu'il les considère lui-même, comme tels. Certains de ces commentaires, plusieurs prétendus analystes politiques les ayant ressassés, font passer le Président de l’Assemblée Nationale pour un leader à convictions variables, intéressé et matérialiste ; un homme dont la hauteur de vue ne dépasse jamais la taille et la couleur des billets qui sont posés sur sa table.

 D'autres commentaires, plus fatalistes ceux-ci, le font passer pour un Bénino-francais (non pas un franco-béninois) et francophile bon teint, introduit dans les réseaux et circuits politico-affairistes français par son tuteur politique, l'ancien président gabonais : Feu Omar Bongo. C'est ce qui expliquerait son instabilité politique supposée, parce qu'il opèrerait des choix toujours dictés par la France. Il aurait même laissé faire ceux qui lui ont volé le pouvoir en 2011 à la demande de la France.
À titre personnel, j'ai hurlé mes colères contre lui en 1996 quand il appela contre toute attente à voter pour Mathieu Kérékou. Cela ne m'a pas empêché de faire campagne pour lui en 2006 et en 2011. Je me suis même plusieurs fois disputé avec certains de mes amis Yayistes de l'époque maintenant reconvertis en Talonistes. Tant j’étais convaincu des capacités de l’homme à nous proposer une alternance crédible et ambitieuse.

Aujourd'hui (à l’heure où j’écris ces lignes) plus qu'en 2006, je suis fier de m'être battu pour cet homme. Certes, il n’aura pas eu l’occasion de servir ou de démentir l’opinion que je me faisais de lui. Mais la preuve est faite désormais qu'on peut être majoritaire et se tromper, que nous prêtons facilement des vertus et des compétences à ceux que nous ne connaissons pas, ceux dont nous ne savons rien, même pas le nom véritable.

Avant qu'il ne devienne le Président de mon pays, je n'avais jamais articulé ‘’Yayi Boni’’. Moi citoyen lambda qui depuis vingt sept ans diffuse les cultures de notre pays dans le monde. Et, depuis dix ans qu’il est MON Président, je me console en répétant, secrètement, sourires crispés, le menton dressé : Je ne me suis pas fait avoir comme les autres, je souffre juste le même martyre qu'eux, le temps que ça s'arrête. Nous sommes d’accord… un jour est une éternité. Bref !
J’observe que l’Homme providentiel qu'on nous a vendu à coups de matraquages médiatiques et de vieux cfa, est devenu aux yeux des mêmes, '' un mauvais casting''. Heureusement ! Sinon qu'est ce qui serait resté de notre démocratie avec une constitution traficotée et un Président à vie ; des cris, du sang et des larmes? Comme au Burundi ? ‘’Dieu aime le Bénin’’ croyons-nous. Mais, est-ce parce que, visiblement, notre foi en la bonté de Dieu nous réussit que nous si passifs et si fantaisistes avec le danger?

Il semblerait que lors des vacances d’été du parti PRD, Maître Houngbédji aurait déclaré en avoir définitivement fini avec le statut d’opposant, il se serait déclaré prêt à tout, quitte à aller, passer moi l’expression, forniquer sous les draps poussiéreux du palais avec Yayi Boni.
Non ! Il n’a pas dit ça. Il ne peut pas l’avoir dit. J’ose le démenti parce que cela ne ressemble pas à MON chef.

Je sais que les politiciens ne sont pas des philanthropes, que l’objectif d’un parti politique c’est la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat. Je sais aussi que le pouvoir appartient au peuple, que l’on gouverne au nom et pour le peuple, que toute légitimité vient du peuple, qu’aucun sacrifice n’est trop lourd quand il profite au peuple.
C’est dans cet esprit que j’inscris la démission de tous les membres du PRD, son Président en tête, de l’un des gouvernements de Kérékou II, dans le même esprit que j’inscris le refus de Maître Houngbédji de participer au second tour des élections présidentielles de 2001 face au même Mathieu Kérékou. C’est dire que l’homme à un long parcours d’opposant, donc de résistant doublé d’une sagesse certaine.

Parlant de sagesse, nous sommes combien au Bénin à croiser les bras et à regarder quelqu’un qui nous a volé, se pavaner tous les jours dans des habits de fêtes ? Houngbédji l’a fait. Donc, il ne peut pas avoir dit ça. Je refuse que la rumeur réduise cet homme à un rang aussi vulgaire que celui de petit marchand, vendeur d’épices et de friperies. Il en aurait envie que tout en lui refuserait ce rabaissement. 

J’ose le démenti parce que, sérieusement, peut on avoir critiqué, contesté un régime et son mode de gouvernance pendant dix ans et rallier ce dernier a son apogé ? Dans quel intérêt ? Pour des prébendes et quelques postes au soleil ?

J’ose le démenti à cette portion de phrase parce qu’au delà des mots, elle peut engendrer une mentalité en tous points détestable. Et une mentalité fait plus de dégâts et se répand plus vite qu’une arme chimique. Durable, silencieuse et vorace.

J’ose le démenti enfin parce que je crains que les plus jeunes qui entrent en politique s’en inspirent, l’adoptent au point d’en faire une attitude légitime voire intelligente. Un drame. Le réalisme politique est une chose défendable quand il ne trahit pas la cause. Un parti, c’est une cause ou un parasite. Un homme politique, c’est une cause ou un parasite.

Je me refuse de faire la critique du système Yayi et de son régime, cela, c'est le travail des politiciens. En bon démocrate, j'aspire logiquement à une alternance. Une alternance véritable et totale.

Du reste, le spectacle que nous offre par médias interposés, notre classe politique pendant cette période de précampagne électorale est pour le moins affligeant. Les uns procèdent aux recrutements les plus sordides sous nos yeux. On parle d'un pays comme d'un paquebot à la dérive que des hommes politiques, tels des contrebandiers et des pirates s'organisent pour aller envahir afin de perpétrer le coup de leur vie, ‘’le casse’’ du siècle. L'essentiel est de décrocher avec fracas le magot et de se le répartir à grands renforts de messes et de marches bruyantes, de quoi couvrir le crime, un authentique blanchiment. Certains partis et personnalités politiques n’osent pas se prononcer pour ou contre des candidatures annoncées parce qu’ils ne veulent pas se retrouver après dans un rôle d'opposant qui les condamnerait à la galère.

Tout de même ! Si tous les Partis disent les mêmes choses, vont dans le même sens, le multipartisme sert alors à quoi ? Comment peut-on avoir des idées contradictoires et des visions opposées et gouverner ensemble ? C’est cette attitude qui amène l’opinion à penser que « ces gens là s’entendent pour bouffer ».

Affligeant. Tout simplement affligeant ! Je sais que tout combat suppose un enjeu, un gain. Ailleurs l'homme politique dira en publique, question de forme mais aussi pour sa légitimité: nous nous battons pour le mieux être du peuple. Ailleurs l'homme politique dira: nous nous battrons pour notre pays jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Les parasites eux, se battent pour leur propre survie et, tenez vous bien, ils mangent tout, même le poison.

Si Houngbedji cherche une manière infaillible de saborder son parti, il l’a à portée de doigts : soutenir le candidat de Yayi et des FCBE, les mêmes qui lui auraient volé le fauteuil Présidentiel en 2011. Il pourrait le faire, mais je ne crois absolument pas qu’il le ferait pour satisfaire une soif d’argent et des besoins matériels; il le ferait uniquement pour céder à des chantages et à des propositions de puissances autrement plus perverses et plus féroces que l'orgueil d'un homme d'État de 74 ans, de l'envergure de Houngbedji, robuste et droit dans ses bottes. Il cèdera peut-être sous la pression de puissances devant lesquelles, même lui aurait besoin d’être défendu. Là est aussi notre drame en Afrique : Les leaders défendent les peuples mais les peuples oublient de défendre leurs leaders.

Il faut être naïf pour croire que Maître Adrien Houngbedji n'a plus rien à perdre. Je pense pour ma part que l'obsession ultime de tous les chefs c’est l’ensemencement; la postérité. Et, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Houngbedji est un chef, un vrai chef.